La subvention de 60 000 € accordée par la Fondation du Patrimoine pour l’église de Guinas va vraiment permettre de réaliser les travaux essentiels prévus dans le diagnostic réalisé en 2022. Dès le début 2025, je vais poursuivre ma mission de maître d’œuvre pour restaurer ce charmant petit édifice, tout comme cela a été fait pour la Gloriette de Jean Rameau à Cauneille.
Article Sud-Ouest du 17/12/2024
©Aurélie CHAMPAGNE
L’église de Cachen fait partie des cinq édifices religieux d’Aquitaine lauréats de la collecte nationale lancée par la Fondation du patrimoine en septembre 2023. Avec cet argent, quasiment tous les travaux nécessaires à sa restauration pourraient être effectués
L’église Notre-Dame de la Nativité de Guinas, à Cachen, serait-elle bénie des dieux ? Après avoir été lauréate du premier Budget participatif lancé par le Conseil départemental des Landes en janvier 2020, la voilà bénéficiaire des fonds issus de la collecte nationale mise en place par la Fondation du patrimoine et l’État, après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris : 60 000 euros vont ainsi s’ajouter dans l’escarcelle du maître d’œuvre – la mairie de Cachen – pour réaliser les travaux nécessaires à la restauration de cette église située à 3 kilomètres du bourg.
« Toute cette opération est un peu ‘‘post-Notre-Dame de Paris’’, explique Jean Mortier, délégué départemental de la Fondation du patrimoine. Au moment où il y a eu la collecte nationale, en province, tout le monde a dit : ‘‘C’est formidable, mais que fait-on du petit patrimoine religieux ?’’ Il y a environ 55 000 églises en France, dont 10 000 dans un état sanitaire difficile. Cette opération a ainsi été montée pour ce patrimoine en danger, qui est très lourd pour les communes. 60 000 euros pour un petit village comme ça, c’est formidable. »
De quoi, en tout cas, donner le sourire au président des Amis du patrimoine de Cachen-Guinas, Alain Barbe, association forte de 170 adhérents qui s’occupe de « rechercher des capitaux pour restaurer l’édifice et assurer l’animation culturelle du site ».
« De sacrées infiltrations »
« Dans un premier temps, ce qui est le plus important, c’est le gros œuvre, souligne-t-il : la charpente, la couverture, les zingueries, la maçonnerie, pour qu’il n’y ait pas de problème d’étanchéité. Certes, l’église fonctionne, elle accueille quelques cérémonies religieuses et il ne pleut pas dedans, mais il y a quand même de sacrées infiltrations et des fissures dans les murs. Notre référence, c’est le travail de Claire Desqueyroux, architecte du patrimoine, qui nous a fait un dossier très complet, avec toutes les préconisations des travaux à faire. Avec cet argent qui nous tombe un peu du ciel, on va pouvoir tout faire ! »
Cet édifice posé en pleine nature depuis plusieurs centaines d’années a ainsi la garantie de pouvoir continuer à traverser le temps. « Elle date du XIIIe siècle et a subi les affres des guerres de religion », précise Alain Barbé. Elle a été reconstruite au XVIIIe siècle, notamment son dôme en ardoise, restauré en 1959 avec le concours de la Société de Borda et le soutien financier du Conseil général des Landes. « Ce dôme Renaissance à l’arrière est absolument superbe, appuie Jean Mortier. Il y a aussi du mobilier à l’intérieur qui est très intéressant, d’ailleurs inscrit au titre des Monuments historiques. »
Notamment un chasublier du XVIIe siècle. « Il a l’originalité d’avoir une porte avec trois serrures. Il y avait trois autorités différentes qui détenaient une clé et pour pouvoir ouvrir le meuble, il fallait les trois. On a eu le devis pour le restaurer : c’est plus de 6 000 euros. On a réussi à avoir les fonds grâce au Crédit agricole (4 000 euros) et la communauté de communes (2 000 euros). Il est en restauration et on va l’avoir en début d’année. Il y a aussi le tableau ‘’La Vierge et l’enfant’’, qui date de la fin XVIIIe début du XIXe siècle : là encore, la restauration s’élève à 15 000 euros. On va peut-être y arriver grâce à cette nouvelle manne. »
L’autre intérêt de l’église est culturel. Elle accueille la Fête de la musique et une grande exposition de peinture. « On ne veut pas se contenter de dire qu’on a une église magnifique et qu’il faut nous la restaurer, insiste Alain Barbé. On veut essayer de créer une réelle dynamique autour, en montrant qu’un lieu cultuel n’est pas du tout incompatible avec un lieu culturel. Nous avons une approche non élitiste et conviviale de la culture. »
Et de prolonger : « Quand le chasublier va revenir, on va inviter les donateurs et organiser une conférence avec Vincent Matéos, chargé de mission du patrimoine protégé des Monuments historiques. Il va nous faire parler ce meuble. Il subjugue le public. Ce sont des conférences qui peuvent intéresser les érudits mais qui sont accessibles à tout le monde. Ce n’est pas le projet de quelques intellos amoureux des vieilles pierres : on a associé la population. J’ai toujours défendu cette idée et je pense qu’aujourd’hui le travail de l’association, avec un conseil d’administration et des bénévoles impliqués, est récompensé. »
Les critères d’éligibilité
L’église Notre-Dame de la Nativité de Guinas fait partie des cinq projets bénéficiaires de la collecte nationale en faveur du patrimoine religieux en Aquitaine. Plusieurs critères ont pesé dans la balance de la Fondation du patrimoine : l’intérêt patrimonial et culturel, l’accessibilité et l’ouverture au public, le degré de protection – il fallait un patrimoine non protégé – et la maturité du projet travaux. « Ce dernier point était très important pour nous, souligne le délégué départemental de la Fondation du patrimoine, Jean Mortier. Entre la mairie et l’association, on avait déjà monté une collecte de dons via la Fondation du patrimoine. On avait l’accord de l’Architecte des Bâtiments de France et on avait déjà la somme qu’il fallait pour réaliser les travaux, avec un calendrier prévisionnel. »
(1) La collecte nationale de la Fondation du patrimoine a mobilisé 16,7 millions d’euros. Dans ce cadre, 6,6 millions d’euros ont été dirigés vers 100 « petites Notre-Dame » des villages et petites villes françaises.